vendredi 16 janvier 2009

Privatisation de l'ONATEL : un Décret sur le point d'être signé


Dans le cadre d'un vaste programme de privatisation des entreprises publiques, le gouvernement du BURUNDI est sur le point de parachever le projet de privatisation de l'Office National des Télécommunications (ONATEL). L'ONATEL est une entreprise à 100% publique qui fournit des services de téléphonie fixe et mobile ainsi que le service d'internet.Il a des installations à travers tout le pays et couvre toute l'étendue du territoire du Burundi. Il emploie environ 700 agents éparpillés dans les différents coins du pays.En 2007 le chiffre d'affaire était de 18.8milliards de Francs Burundais (environ18 millions de $).


Le siège de l'ONATEL
à Bujumbura


Autour de cette privatisation, il y a un nuage et trop de controverses. Le gouvernement semble accélérer le processus alors que les travailleurs trouvent qu'il fallait d'abord clarifier l'évaluation réelle et actualisée de l'entreprise ainsi que la mise en place d'un plan social qui devra déterminer le sort des travailleurs lorsque l'entreprise sera privatisée.


La question qui se pose est donc celle de savoir à qui profite cette privatisation. Cette question en engendre une autre, et qui est la plus pertinente:
QUI VEUT VENDRE L'ONATEL?


Mais dans quel contexte se place la privatisation de l'ONATEL?

D'abord toute politique de privatisation suppose un transfert de pouvoir économique et financier, et par conséquent, politique, de l'État aux privés. C'est au début des années 1980 que l'on a assisté à la première vague des privatisations, au départ c'était en Europe.
Au BURUNDI depuis 1991 l'on parlait de cela mais ce n'est qu'en 1994 que le gouvernement a initié le processus.
Pour le cas qui nous occupe, celui de l'ONATEL, c'est en 1994 que le processus a été déclenché par le Décret N°100/025/94 du 07/11/94 portant nomination des membres de la commission technique d'évaluation de l'Office National des Télécommunications(ONATEL), un Décret qui a été signé par le Président d'alors Sylvestre NTIBANTUGANYA.
La crise socio-politique qu'a traversé le Burundi a ralenti ce processus jusqu'en 1999.
A partir de cette date, beaucoup d'actions ont étés entamées, dont l'élaboration de la note de stratégie, l'engagement d'un consultant pour l'appui marketing, particulièrement pour mener des actions de communication et de publicité pour la privatisation de l'ONATEL et la préparation du dossier de pré- qualification. La réforme n'a pas été réalisée.
Aussi des délégations ont été envoyées en mission à l'étranger, notamment au Sénégal, pour voir comment ailleurs des entreprises du même genre ont été privatisées et ont produit des rapports. Par exemple, selon l'un de ces rapports, au Sénégal la libéralisation est venue après la privatisation. Au Burundi c'est l'inverse.
En 2008, au mois d'août, presque tous les médias burundais ont parlé d'une entente qui aurait été conclue entre le gouvernement Burundais et une entreprise libyenne LAAICO(Libyan Arab African Investiment Company). C'était à travers des reportages, des interviews et des articles dans les journaux comme cet article dans l'agence Net-Press et deux autres dans Burunditransparence.
Certains partis politiques se sont aussi exprimés là-dessus. Ils ont décrié cette privatisation précipitée et qui cache derrière elle des visées politiques et des intentions de cupidité selon eux : une privatisation qu'ils qualifient de sauvage.


Une photo d'un article titré "approbation du projet de la CENI au conseil des Ministre "
publié le 16 décembre 2008 dans Burundi transparence


En fait il s'agissait d'un Mémorandum d'entente relatif à la mise en œuvre de certains projets de privatisation de certaines entreprises publiques dont l'ONATEL, et d'investissement suivi d'un arrangement spécial relatif aux avantages douaniers et fiscaux signé le 31 Juillet 2008 par le gouvernement du Burundi et l'entreprise LAAICO. Le syndicat des travailleurs de l'ONATEL a directement montré son inquiétude basée sur plusieurs éléments à savoir : pourquoi vendre l'ONATEL avant son évaluation , sans aviser et préparer le personnel de l'entreprise, et pourquoi les Libyens?... La société civile, elle aussi, a protesté contre cette affaire. Par exemple l'OLUCOME a recommandé au gouvernement d'annuler le Mémorandum et l'arrangement pour privilégier d'abord le respect des procédures de privatisation et la transparence.

Face à cela, l'autorité publique, dans sa réaction, a dit que ce Mémorandum n'est pas un contrat mais tout simplement une expression d'intention. C' était une manière de calmer les esprits. Comme autre explication, le gouvernement a dit que le programme de privatisation est une exigence de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International.

L'expert économiste burundais Prime NYAMOYA que nous avons approché pour recueillir son avis à propos, essaie de nuancer. En réponse aux gens qui disent que la privatisation fait partie des exigences des Institutions de Breton Woods, Prime NYAMOYA affirme que les choses ont évolué. Il précise qu'au début, vers les années 80, la Banque Mondiale avait une conception dogmatique sur la privatisation. Elle pensait que la privatisation était une panacée. Actuellement la Banque Mondiale n'est plus dogmatique; elle a une conception nuancée et elle accepte que la privatisation n'est pas une fin en soi. Pour Prime NYAMOYA, la privatisation ne signifie pas la réussite. Et rester entreprise publique ne conduit pas forcément à l'échec. Ce qui compte pour une entreprise, qu'elle soit publique ou privée, c'est la rentabilité, la compétence, bref le respect des règles de l'art du "business". Il faut par exemple éviter les recrutements partisans et fantaisistes. Pour cet économiste qui dirige aussi le cabinet privé de conseil pour l'organisation de la gestion industrielle, ce qui compte dans un processus de privatisation c'est de respecter et privilégier les normes, c'est à dire la transparence à chaque étape. Quant aux entreprises jugées "stratégiques", il faut y laisser la part de l'Etat, en tant qu'actionnaire principal, et non en tant que figurant ou petit actionnaire minoritaire.

Prime NYAMOYA dans les locaux de son cabinet

Où en est- on aujourd'hui?


Le gouvernement est en train d'appuyer, et avec force, sur l'accélérateur.

Contrairement à ce que l'on pensait, le mardi 13/01/2009 , quand nous avons téléphoné au Ministre des Transports, Postes et Télécommunications , Philippe NJONI, pour connaître l'état d'avancement du dossier, il nous a dit qu'actuellement un projet de Décret autorisant la vente d'une partie des titres de l'Etat du Burundi détenus dans l'Office National des Télécommunications(ONATEL) se trouve sur la table du Président de la République pour signature. Cette information nous a été confirmée par une autre source qui connaît bien le dossier. Philippe NJONI a ajouté que c'est le Ministre de la Bonne gouvernance, de la Privatisation, de l'inspection générale de l'Etat et de l'administration locale qui a acheminé le dossier au conseil des Ministres. Nous avons cherché à joindre le Ministre en charge de la privatisation mais en vain , son téléphone ne répondait pas malgré nos nombreuses tentatives.
Au SCEP (un service chargé des entreprises publiques qui dépend du Ministère, de la Bonne gouvernance, de la Privatisation, de l'inspection générale de l'Etat et de l'administration locale) on a pas voulu nous accueillir; chaque fois on nous disait que le commissaire est en réunion...
Sur le chemin de notre enquête nous avons pu obtenir une lettre du Service Chargé des Entreprises Publiques(SCEP) qui a été envoyée au Ministre en charge de la Privatisation, une lettre signée le 14/10/2008, où le SCEP transmettait l'exposé des motifs ainsi que le projet de Décret portant autorisation de la vente des titres de l'Etat Burundais détenus dans l'ONATEL.
En poursuivant nos démarches, nous avons pu nous procurer le compte-rendu d'une réunion du conseil des Ministres (réunion qui s'est tenue les 11 et 12 décembre 2008) où les Ministres ont analysé et approuvé le projet de Décret en rapport avec la privatisation de l'ONATEL dont en voici la copie d'un extrait:



la copie d'un extrait d un compte-rendu du conseil des Ministres produit le 12/12/2008

Selon ce compte-rendu, la privatisation de l'ONATEL s'inscrit dans le cadre global du processus de désengagement progressif des activités de production et de commercialisation des biens et services au profit des opérateurs privés. Le document poursuit en disant qu'il s'agit aussi de rendre l'ONATEL compétitif et plus rentable pour une entreprise qui opère dans un secteur où la technologie évolue très rapidement et se trouve confrontée à une concurrence agressive disposant de moyens disproportionnés. Les informations que nous détenons nous indiquent que tous les membres du gouvernement ne sont pas unanimes sur ce projet, comme en témoigne la recommandation gouvernemental qui exige une bonne expertise au moment de l'évaluation du coût de l'action.
En poussant encore plus loin, dans la soirée du mercredi 14/01/2009, nous avons mis la main sur une copie du fameux projet de Décret qui, d'après nos sources concordantes, va être signé très prochainement.

Voici la photo de ce projet de Décret:


Le Directeur Général de l'ONATEL ,très méfiant, que nous avons joint , le lendemain matin , par téléphone, nous a dit que la seule nouvelle qu'il a en rapport avec cette affaire est l'existence de ce projet de Décret. Il a ajouté que lui aussi est en train de chercher à en savoir plus.Très gêné,il a dit :
"Pourquoi vous vous acharnez sur ce dossier?"


Le syndicat des travailleurs de l'ONATEL s'interroge sur les raisons de cette précipitation.

Pour Léonard MUKERANTORE, le secrétaire général du syndicat des travailleurs de l'ONATEL, rien n'explique les mobiles d'une telle hâte.


Léonard MUKERANTORE.
Selon lui, avant de privatiser, il faut d'abord évaluer l'entreprise pour savoir ce que l'on veut vendre, sa valeur et ce que vont devenir les travailleurs. Il se pose aussi la question de savoir pourquoi directement le gouvernement a pensé aux Libyens au lieu d'attendre pour finalement faire passer un appel d'offre en bonne et due forme à travers le service des marchés publics.

Quant aux raisons avancées par le gouvernement, il estime que certains arguments ne sont pas convaincants . Il s'inquiète d'abord du manque de clarté dans cette affaire. Tout semble se traiter en cachette alors que plutôt tout devait être caractérisé par une saine transparence.

Les travailleurs de l'ONATEL que nous avons approchés pendant notre enquête sont très inquiets car, disent-ils :
"Nous allons nous retrouver à la rue"
Ces salariés nous ont précisé qu'il n y a pas eu une large explication de ce projet de privatisation, et ils voudraient qu'il y ait au préalable un plan social bien négocié.


NB: Nous attendons vos commentaires et points de vues

-Jean-Berchmans BIZINDAVYI
-Froduald DUSABIMANA
-Yvette MAFEFE



lundi 12 janvier 2009

contactez-moi

Chers frères et sœurs en la recherche de la vérité je suis très heureux de pouvoir vous contacter par ce nouveau système de multimédia qui est le blog
Je m'appelle Jean-Berchmans BIZINDAVYI,Journaliste à la Radio Nationale du BURUNDI depuis 2000.Je suis reporter,rédacteur et présentateur des journaux parlés.

Comme formation,j'ai une licence en Histoire/option science politique et j'ai fait des stage de formation en rapport avec les différents genres journalistiques, l'éthique et la déontologie,...

Avec la dernière formation sur le journalisme d'investigation et sur le blog,une formation dispensée par Laurent et Michel du réseau estouest je parviendrais à éclairer l' actualité en établissant un lien entre le présent et le passé